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Ben-Ami Koller, sans titre, 100 x 100 cm
Né en 1948 à Oradea en Roumanie, Ben-Ami Koller est diplômé de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts Nicolae Grigorescu de Bucarest (1967-1973), option scénographie.
De 1972 à 1974, il réalise des décors et des costumes pour le théâtre de Bucarest.
En 1975, il quitte la Roumanie pour Israël où il vivra plusieurs années et exposera dans différentes galeries et musées et réalisera des oeuvres murales (École Alliance à Jérusalem, Maison du soldat à Beer Sheva, école maternelle de Kiriat Malachi).
En 1981, il s'installe à Paris, acquérant la nationalité française, où il enseigne le dessin en cours privé dans son atelier.
Dès 1974, il axe son travail sur le dessin qu'il considère comme une fin en soi.
Fouillant les corps, les visages à la mine de plomb, à la pointe d'argent, à la pierre noire, Ben-Ami Koller leur donne une force terrible.
Depuis cette époque il expose dans diverses galeries et participe à de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à l'étranger, et est présent dans de nombreux Salons. Ses oeuvres enrichissent nombre de collections privées et publiques.
En 1998, rupture ou plutôt mutation, son extrême virtuosité de dessinateur ne satisfait plus son projet, il ne parvient plus à progresser. Après trente ans de figuration, il se tourne vers l'abstraction.
Il disparaît le 15 décembre 2008.
Du dessin figuratif, il passe brusquement à une peinture abstraite, et si ce passage apparemment contradictoire n'était en fait que la poursuite d'une même quête ? Et si cet effort d'intériorité dont la recherche fut si intense dans ses oeuvres dessinées avait besoin de ce sursaut […]
Et si cette quête de l'humain ne passait pas par la représentation de sa forme, de la forme exacte de son corps, de son visage, mais dans l'épaisseur même d'une matière qui « manque » cruellement au dessin, comme si la fureur, l'énergie du trait à pénétrer cette surface du papier révélait de l'humain une disparition qui toujours et encore menace, alors qu'il y cherchait une plénitude, une réparation, une création ? Rompre avec la répétition, avec cette obsession sans fin du dessin représentatif devient alors pour l'artiste une nécessité de vie. Reprendre la lutte avec l'inconnu, rouvrir la blessure, regarder de nouveau, renaître, repartir, car c'est bien de l'origine qu'il est ici question, dans la permanence des termes mêmes de cette quête de vie et de mémoire qui parcourt l'oeuvre. L'artiste ici refuse la compulsion qui l'entraînait dans le déchirement sans fin du dessin, et cherche l'ouverture à même la matière de la peinture : en une surface de lumière qui la fait vibrer.
Évelyne Artaud, avril 2000
Ben-Ami Koller a exposé au Cac du 1er février au 6 avril 2002